Le jeûne dans les religions monothéistes

: Ali Bernard CHANGAM 2024-03-19 12:48

L’Islam, le judaïsme et le christianisme ont en commun d'avoir mis les interdits alimentaires et l’abstinence au centre de la vie religieuse. L’une des pratiques communes des 3 religions est le jeûne.

Jeûne en arabe As-Sawm se fait en s'abstenant de faire certains actes (comme manger et boire) à un temps donné. C’est un acte d'adoration très important dans les religions monothéistes et encore plus en islam. Le jeûne est l'une des principes secondaires de la religion, la meilleure forme de culte et l'un des piliers de l'islam, et il existait de différentes manières dans les religions préislamiques.

Moïse, Jésus, Mouhammad (saw) : les trois ont jeûné dans le désert. Yom Kippour, carême, ramadan : trois manières d’observer le jeûne. Nées au Moyen-Orient, dans des paysages de sable et de soleil, les trois grandes religions monothéistes ont inscrit cette pratique dans leur calendrier. La durée varie, les modalités ont évolué au fil des siècles, mais pour toutes, le temps de la diète est l’occasion de se recentrer sur le spirituel, de s’ouvrir au partage. Une autre façon d’être au monde.

La religion juive recommande les jeûnes (Taanit) suivants : Yom Kippour, Tisha Beav (les seuls jeûnes mentionnés dans la Torah), le 17 Tammouz, le jeûne de Guedalia, le 10 Tevet, le jeûne des premiers-nés, le jeûne d'Esther, la plupart étant des jeûnes de deuil. Dans l'Église catholique, le jeûne est considéré comme une pratique de pénitence qui permet de prendre conscience de ses manquements et de se rapprocher de Dieu (voir Matthieu 4, 2 ; Luc 4, 1-4). Il consiste en une privation volontaire de nourriture : lors d'un jour jeûné le fidèle ne fait qu'un seul repas de la journée (traditionnellement à midi), qu'il peut compléter par de légères collations le matin et le soir, à condition que les deux ensemble ne correspondent pas à un repas complet. Dans l'Église orthodoxe, le jeûne eucharistique est exigé depuis minuit ; il est en général demandé que le repas du soir qui précède soit léger, sinon carémique ; l'exigence la plus répandue est qu'il ne comporte pas de viande. Il est aussi exigé que le fidèle s'abstienne de rapports charnels la veille de la communion, et à partir de minuit.

 

Dans la pratique orientale, les aliments sont classés de la manière suivante, par ordre croissant de caractère festif :

 

les légumes, fruits, noix, champignons, fruits de mer

la graisse végétale (notamment dans la cuisson) et l'alcool

le poisson

les laitages et œufs

la viande

les céréales

Il existe quatre carêmes dans l'année orthodoxe : le carême de Noël, qui va du 15 novembre au 25 décembre ; le carême de Pâques, aussi appelé Grand Carême ; le carême des saints Apôtres, qui va du lundi d'après l'apodose de la Pentecôte jusqu'à la fête des saints Pierre et Paul le 29 juin ; le carême de la Mère de Dieu, qui va du 1er août au 15 août, fête de la Dormition. Sont aussi des jours de jeûne : la veille de la Théophanie ; la fête de l'Exaltation de la Croix (le 14 septembre) ; la fête de la décollation de saint Jean-Baptiste ; et tous les mercredis et vendredis de l'année (à l'exception des périodes sans jeûne). Les périodes sans jeûne sont : les 11 jours entre Noël et la veille de la Théophanie ; la semaine qui suit le Dimanche du Pharisien et du Publicain ; la semaine qui suit le Dimanche du Jugement Dernier, aussi appelée semaine des laitages, ou de Carnaval (on s'y abstient seulement de viande) ; l'octave de Pâques, aussi appelée Semaine Radieuse ; l'octave de la Pentecôte. L'Église orthodoxe éthiopienne conserve une pratique particulièrement stricte du jeûne, excluant la consommation des produits d'origine animale la plus grande partie de l'année.

 Dans l’islam, il y a tout un mois consacré au jeûne. Le ramadan correspond au neuvième mois du calendrier lunaire, durant lequel l’archange Gabriel a révélé le Coran à Mouhammad (saw). Le jour exact de son commencement n’est décidé qu’à la toute fin du mois précédent le jeûne — le mois de Chaabane — et s’achève le premier jour de Chawwal, lors des fêtes de "rupture du jeûne", l’Aïd el-Fitr. Les Conseil commission du croisant se réunissent chaque année pour annoncer la date précise du début du ramadan et dans le monde chiite, les Marji (savant referenciel).

Dans les enseignements islamiques, le jeûne est présenté comme un moyen pour se rapprocher de Dieu et améliorer notre comportement moral ; c'est une façon de préparer le corps pour la compréhension des questions spirituelles et un moyen pour se faire pardonner certains péchés ; renforcer la volonté et susciter un sentiment de proximité avec les déshérités. Il est dit aussi que faire le jeûne a des effets physiques et psychologiques tels que la réduction de l'anxiété et de la dépression, l'augmentation de l'estime de soi et la prévention des maladies cardiovasculaires. Le jeûne pour raisons médicales ou spirituelles est connu depuis l'Antiquité.

Le glucose est une des sources essentielles d’énergie et est indispensable à la santé du cerveau. Après 4 ou 8 heures de privation de glucose, le corps se met à consommer les réserves de glucose sous forme de glycogène, présentes dans le foie, et une partie de ses protéines, et après 12 heures, le corps consomme le glycogène présent dans les muscles et les graisses présentes dans le corps. D’après des études de cardiologues de l’hôpital américain de Dubaï, le jeûne grâce à l’influence qu’il a sur les lipides, diminue les risques de maladies cardiaques, fait baisser le taux des LDL et augmente le taux des HDL.

Cette étude a aussi montré que le jeûne entrainait une baisse du cholestérol.

Les recherches ont montré qu’un apport affaibli en calories pendant la journée, diminuait le risque des cancers, des maladies cardiaques, du diabète, la résistance à l’insuline et les problèmes du système immunitaire, et ralentissait le vieillissement. Selon Paul Bragg (défenseur américain des aliments santé alternatifs et un passionné de fitness.), le jeûne détoxifie l’organisme, purifie les veines et protège des maladies cardiaques, du diabète et de l’Alzheimer.

Dans la Grèce antique, lorsque quelqu'un tombait malade et venait voir les prêtres du temple du dieu guérisseur Asclépios (Esculape pour les Romains), ces derniers, quand ils n'arrivaient pas à le guérir par les méthodes traditionnelles alors en usage, avaient parfois recours à une méthode expéditive. On exilait semble-t-il, le « malade » avec une bonne quantité d'eau douce (et sans aucune nourriture), durant une trentaine de jours, sur un rocher éloigné dans la mer ou ailleurs, où il était censé prier. Quand on allait le rechercher, on le réalimentait en douceur, et quelque temps plus tard, la santé revenait.

Du point de vue de la jurisprudence, le jeûne se divise en quatre catégories à savoir le jeûne « obligatoire », le jeûne « recommandé », le jeûne « déconseillé » et le jeûne « interdit ». Manger et boire, Avoir des rapports sexuels, Attribuer volontairement un mensonge à Dieu ou au Prophète (s) ou l'un des Imams (a), Avaler volontairement une poussière épaisse, Rester volontairement en état d’al–janâba, menstruation et les lochies, se masturber, immerger toute la tête dans l'eau et Vomir volontairement, sont les choses qui rompent le jeûne.

Selon la tradition, le prophète Mouhammad (saw) l’aurait institué en l’an II de l’Hégire (623 dans le calendrier chrétien) mais il ne l’a pas inventé, comme en témoigne la sourate 2 du SAINT Coran : "Ô vous qui croyez ! Le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit aux générations qui vous ont précédées. Ainsi atteindrez-vous la piété." Quatrième des cinq piliers de l’islam, il est obligatoire et correspond pour les croyants à une période de rupture, de dépouillement, de partage : chacun doit s’abstenir de boire, de manger, de fumer et d’avoir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil. Seuls les malades, les femmes enceintes ou les voyageurs peuvent s’y soustraire mais ils devront "compenser" par d’autres journées d’abstinence au cours de l’année ou par des aumônes.

 

 

 

ALI BERNARD CHANGAM

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