LA FEMME DANS L'ISLAM : ÉCLAIRAGES À TRAVERS LES SAINTES ÉCRITURES
Que dit l’islam au sujet de la femme ? Il est clair qu’il existe un grand décalage entre, d’une part, les clichés et les idées reçues et, d’autre part, le véritable dogme de l’islam. Ce dogme ne découle pas des interprétations plus ou moins hasardeuses de soi-disant Cheikhs ou de charlatans qui ont pris la religion en otage. Le dogme ou la doctrine de l’islam découle tout simplement du Coran et de l’enseignement du Prophète Mouhammad (sawas) et de sa sainte famille.
Selon l’islam, l’homme et la femme sont égaux devant Dieu, ils sont pareillement les lieutenants de Dieu sur terre. Tous les versets coraniques relatifs aux droits et aux devoirs de l’homme concernent également la femme. D’ailleurs, pour que les choses soient davantage claires, il est le plus souvent écrit "les croyants et les croyantes". La Révélation s’adresse ainsi à tous, sans aucune distinction de race, de sexe, de condition sociale, etc. En matière religieuse, le Coran n’établit aucune supériorité de l’homme sur la femme car le seul critère retenu est celui du comportement, de la piété. C’est à cette mesure que les humains sont appréciés et seront jugés par Dieu : « Tout croyant, homme ou femme, qui fait une bonne action entrera au Paradis. » (Coran, XL, 40)
Le Coran expose aussi la complémentarité entre l’homme et la femme qui forment ensemble un couple : «...un vêtement l’un pour l’autre ».
Chers lectrices et lecteurs, l’égalité entre les hommes constitue l’essence de tout message divinement inspiré et ceci en dépit de leurs races, couleurs, sexes, traditions et coutumes. On peut tout résumer en une phrase : « Vous êtes tous issus d’Adam » (Abou Daoud). Face à l’islam, le mérite ne peut venir que de ce qu’on a acquis et la gratitude est l’exclusivité des bienfaisants, quel que soit le sexe ou quelle que soit la race, ou même le milieu social auquel l'homme et la femme appartiennent. Comme le montre le Coran : « Celui qui fait de bonnes œuvres, homme ou femme, du moment qu’il est croyant, nous lui donnerons la récompense digne de cela » (s.16, v.97).
Le véritable problème aujourd’hui est l’instrumentalisation que l’on fait sur le sort des femmes et la stigmatisation dans certains cas. J’aimerais souligner ici, à titre personnel, que le combat féministe ne doit pas se concrétiser sous un seul modèle et ne doit pas devenir discriminatoire en excluant certaines femmes tout simplement parce qu’elles se revendiquent de tel ou tel courant idéologique, religieux ou culturel. Pour être féministe et défendre le sort des femmes dans les sociétés, on n’a pas besoin de se défaire de son identité et de sa foi. La situation devient plus étonnante encore lorsque des voix s’élèvent pour parler au nom des musulmanes, voire leur imposer la manière dont elles doivent vivre leurs propres choix. L’heure n’est plus aujourd’hui à la colonisation des esprits ou à la diabolisation des différences. Agissons. Unissons-nous où que nous soyons afin de mettre fin aux injustices faites aux femmes. Joignons notre force à celle de l’islam pour dire à qui veut l’entendre : « Les croyants et croyantes sont tous des alliés » (s.9, v.71); « Vous tous, hommes et femmes, êtes pareils aux yeux de votre Seigneur » (s.3, v.195); « Elles ont autant de droits qu’elles ont des devoirs » (s.2, v.228); « Comportez-vous convenablement envers elles; et si vous avez de l'aversion pour elles, il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose où Dieu vous fasse grand bien. » (s.4, v.19). Ou encore : « Le plus noble auprès d’Allah reste le plus pieux » (s.49, v.13). C’est cela l’islam : de l’égalité entre les peuples, races et sexes. Pour conclure sur ces versets, celui de la sourate Ahzab doit beaucoup faire réfléchir : « Les soumis, hommes et femmes, les dévoués hommes et femmes, les véridiques, hommes et femmes, les endurants, hommes et femmes, les pieux hommes et femmes, les bienfaisants hommes et femmes, ceux qui jeûnent, hommes et femmes, les chastes, hommes et femmes, ceux qui invoquent leur Seigneur, hommes et femmes » (s.33, v.35).
Allah a pris soin de citer ses serviteurs à la fois au masculin et au féminin, pour faire échec aux tentatives de ceux qui pensent que le spirituel et le moral sont une exclusivité masculine. Citons le cas de la sainte Fatima (as), la fille du prophète (sawas). Elle occupe une place qu’aucun homme, en dehors des imams infaillibles, n’occupe. Malheureusement, personne ne nuit à l’islam plus que les musulmans. Ceux qui, pour asseoir leur domination sur la femme sont prêts à instrumentaliser la religion, parfois sous prétexte qu’elle est « une perle qu’il faut préserver », et en choisissant de chosifier la femme, oublient la parole du Prophète, qui s’est adressé aux croyants peu avant sa mort, lors du dernier pèlerinage : « Ô peuple ! En vérité, vos femmes ont des droits sur vous. Assurez-leur le meilleur traitement, vous les avez comme dépôts de la part de Dieu et vous avez pris possession d’elles par des paroles divines. Craignez donc Dieu en ce qui concerne les épouses et je vous ordonne de bien les traiter. »
En ce qui concerne l’héritage de la femme en islam, il est assez répandu dans les langues des uns et des autres que celles-ci ne prendraient que la moitié de ce qui est destiné à l’homme. Cette accusation est infondée car en nous plongeant dans le droit islamique, nous noud rendons compte de la réalité suivante : il y a trente-quatre cas dans lesquels dans l’héritage la femme se retrouve au milieu des hommes. On note aussi quatre cas dans lesquels la femme hérite de la moitié de l’homme; cinq cas dans lesquels la femme hérite et l’homme n’hérite rien. Ce n'est pas tout : on relève onze cas dans lesquels ils héritent à égalité de niveau et quatorze cas dans lesquels la femme hérite plus que l’homme.
On voit difficilement où peut se trouver l’injustice ici. Quant à la polygamie, l’islam ne l’impose pas, ne l’ordonne pas et qu’il soit clair qu'il ne la recommande pas non plus, mais laisse à tout un chacun le libre choix d’être polygame ou non, selon les cultures et civilisations, et aussi selon les besoins. Toutefois, Allah dit : « Si vous pensez ne pas être équitable, alors tenez vous en a une seule (femme) » (s.4, v.3). Parfois, à tort, on justifie certaines pratiques coutumières par l’islam comme c’est le cas de l’excision. Il est bon à savoir que le Prophète n’a excisé aucune de ses filles, et aucune de ses femmes ne l’a été d’ailleurs, comme le souligne Omar : « Nous, la tribu des Qoraych, nous ne connaissons pas l’excision ».
Juger une chose sans la connaître est pur égarement. Diaboliser ce qui déjà nous fait peur ne nous guérit pas. Il ne faut pas faire de nos différences une division. Face à la diversité, le dialogue s’impose. Les hommes vivront en paix le jour où ils saisiront la divine parole : « Ô vous les hommes, Nous vous avons créés à partir d’un homme et d’une femme, Nous avons fait de vous des peuples et des tribus différents afin que vous vous entreconnaissez. » (s.49, v.13)
ALI BERNARD CHANGAM